ÉCOLE DE CODAGE1 & CRYPTO-ART2 DANS LA BLOCKCHAIN3

Propos recueillis par Quentin Richard


Le Wagon est une école internationale de codage spécialisée en immersion en boot camps (camps d’entraînement). Sa mission est d’enseigner au plus grand nombre de personnes des compétences dans la “tech” et l’état d’esprit entrepreneurial startup. L’école offre des cours en développement web et en science des données dans 40 villes et sur tous les continents. Pedro Meyer est le cofondateur du Wagon en Amérique latine

  1. CODAGE, DU VERBE CODER : Transcription d’un message en code afin de la transmettre ou de le traiter sur ordinateur. Il s’agit de la rédaction de programmes et d’instructions informatiques.
  2. CRYPTO-ART : Le crypto-art représente les œuvres d’art numériques rares, parfois décrites comme des cartes à collectionner numériques ou “rares“, associées à des jetons uniques qui existent dans la blockchain. Le concept est basé sur l’idée de rareté numérique, qui permet d’acheter, de vendre et d’échanger des biens numériques comme s’il s’agissait de biens physiques. Ce système fonctionne car, comme les Bitcoins et autres crypto-monnaies,le crypto-art existe en quantité limitée.
  3. BLOCKCHAIN : Mode de stockage et de transmission de données sous forme de blocs liés les uns aux autres et protégés contre toute modification.

🟡 En quoi le Wagon peut-il être considéré comme une innovation dans son domaine?

Cela fait quatre à cinq ans que nous sommes considérés comme les meilleurs au monde. Nous avons été créés un peu différemment des autres entreprises tech. Pour mieux comprendre, il existe deux façons de commencer: la première en créant une start-up avec laquelle vous vous financez de manière importante grâce à des fonds d’investissements, et l’autre en faisant ce que l’on appelle un bootstrap, à savoir «grandir » avec des ressources propres que l’on gagne au travers de nos revenus (c’est à dire la vente des cours). De notre côté, nous sommes plutôt partis sur le second modèle, nous n’avons pas reçu d’investissements pendant nos six premières années d’existence. Peu de nos concurrents sont arrivés à notre niveau avec leurs fonds propres. Nous étions déjà implantés dans plus de 40 villes avec 1000
euros de capital, alors que certains de nos concurrents étaient présents dans seulement neuf villes avec des investissements à hauteur de 500 millions de dollars ! Notre syllabus et curriculum se sont développés sur la méthodologie suivante: une approche produits et des cycles de feedback 4. C’est cette méthodologie de développement de produits digitaux qui nous rend plus innovants. Nos professeurs sont aussi des développeurs très compétents, qui passent une grande partie de leur temps à créer de nouvelles fonctionnalités pour notre plateforme pédagogique.

  1. FEEDBACK : Retour sur une expérience, sorte de bilan tiré à partir d’un événement.

🟡 C’est un sujet central qui est très en lien avec les Alliances Françaises, qui elles aussi sont présentes sur les cinq continents et dont le modèle économique est également basé, en grande partie, sur les ressources propres. Pour continuer sur la question de l’innovation : avez-vous au sein du Wagon des liens avec la scène artistique ou des projets culturels ou numériques en prévision, que ce soit en France, à l’étranger ou en Amérique latine par exemple ?

Même si nous ne travaillons pas pour le moment sur des projets culturels à proprement parler, beaucoup de nos élèves sont des artistes : certains en arts plastiques, en photographie ou même encore des céramistes ! Nous avons une codeuse-céramiste ! J’ai été moimême photographe professionnel pendant douze ans, notamment à Paris. J’ai décidé par la suite de changer de vie car il était difficile d’y travailler. Je suis personnellement très intéressé par ces nouveaux mouvements de crypto-art, comme l’art dans la blockchain, par exemple.

🟡 Pourriez-vous nous présenter rapidement, dans ce crypto-art, ce qu’est la blockchain ?

C’est quelque chose de très récent. La blockchain a été créée en 2008, par une personne ou un groupe de personnes anonymes, en réaction à la crise économique, comme une alternative digitale aux devises souveraines. Il s’agit en gros d’une base de données, décentralisée, sans organe de contrôle, dans laquelle on peut stocker de l’information. On peut y trouver des choses uniques, au travers d’éléments uniques. Ce qui rend la blockchain singulière est que ces données, ces informations, peuvent n’appartenir qu’à une seule personne.

🟡 Est-ce que des mouvements se développent ? Parmi vos élèves également?

Tout à fait. On y trouve des choses uniques, comme dans les NFT5. Par exemple, il est possible de créer un GIF et de le stocker dans cette blockchain puis de le vendre, à un collectionneur de GIF ou d’œuvres virtuelles de crypto-art par exemple. Ce qui deviendra par la suite la possession de cet acheteur (qui sont parfois prêts à dépenser 200000 dollars pour en obtenir un!). Peut-être qu’un jour nous verrons un musée du GIF ! Beaucoup d’élèves viennent de régions très différentes du monde et de métiers très différents. On trouve une réelle diversité de personnes, c’est un univers très pluriel et multiculturel. À Rio par exemple, avec un programme en anglais, nous avons reçu des élèves de près de 50 nationalités. Beaucoup de projets se mettent en place et ces différences s’estompent quand tout le monde apprend à coder, ce qui apporte une réelle valeur ajoutée au Wagon.

🟡 Parmi ces projets, quelles seraient vos perspectives d’évolution? Ont-elles été impactées par la crise de Covid-19

En réalité, cette crise n’a pas vraiment eu d’effet négatif sur notre structure, je dirais même que l’impact sur nous a été positif. Nous avons su nous adapter très rapidement car nous avions déjà adopté des solutions au moment où le virus était en circulation en Chine, puisque nous sommes également présents dans ce pays et que nous sommes une entité très digitale. Nous bénéficions d’une grande communauté et nous sommes en contact régulièrement via nos serveurs. Nous avons donc été très rapides en ce qui concerne le passage du mode présentiel à l’enseignement à distance.

  1. NFT (NON-FUNGIBLE TOKENS) : Un token non fongible est un type spécial de token cryptographique qui représente quelque chose d’unique; les tokens non fongible ne sont donc pas interchangeables.

Donc quand la pandémie est arrivée en Amérique latine, nous avions déjà toutes les structures et outils complètement prêts. En fait, à Rio, nous avons perdu quelques élèves étrangers, qui à l’époque représentaient environ 50% d’une classe. Par contre, cela a permis aux gens qui n’étaient ni de Rio ni de Sao Paulo de suivre nos cours. Ainsi, cet aspect digital a attiré de nombreuses personnes qui, auparavant, ne pouvaient pas se rendre physiquement aux cours. Nous avons donc connu une croissance en 2020, même en temps de pandémie.

🟡 Tout comme dans les Alliances Françaises en 2020, la relation digitale entre professeurs et élèves s’est réinventée très rapidement du fait du contexte. On peut dire que vous vous êtes réinventé sur cet aspect en ligne. Cela a-t-il modifié vos objectifs sur le moyen ou le long terme et selon les zones géographiques ?

Nous nous basons toujours sur les mêmes objectifs. Notre ambition est de réaliser nos cycles de façon efficace. Pour cela, nous avons un système de remontée des informations très rapide, de façon à trouver des solutions elles aussi très rapides quand quelque chose ne fonctionne pas. Notre présence sur tous les continents nous permet aussi une grande réactivité et une anticipation face aux futurs problèmes ainsi qu’un fonctionnement continu des équipes autour du monde. En termes d’outils nous travaillons avec Slack, Zoom et nous avons développé des classes virtuelles uniques qui permettent notamment la mise en place de breakout rooms 6, on peut également imaginer la matérialisation des classes avec des tables virtuelles de quatre élèves. Les élèves peuvent parler avec leurs voisins, les profs peuvent se déplacer dans la salle et passer de table en table pour avoir un suivi plus personnalisé avec les élèves lorsque cela est nécessaire.

  1. BREAKOUT ROOM : Une petite salle de réunion ou une partie distincte d’une réunion Internet où un petit groupe peut discuter d’un problème particulier avant de retourner à la réunion principale.

🟡 Dans les débats nécessaires posés au sein de la société civile, que pouvez-vous dire, par exemple, de la place des femmes, d’internet ou de la tech, ou bien encore de l’impact environnemental de la tech ? Est-ce que le Wagon se positionne par rapport à ces deux grands enjeux de notre temps ?

À l’horizon 2022, nous avons pour objectif d’atteindre une parité homme-femme de 50%. C’est un élément très important pour nous. Tout au long de notre évolution depuis la création du Wagon en 2014, de plus en plus de femmes ont suivi la formation. Nous mettons régulièrement en avant des femmes entrepreneures, développeuses ou formatrices afin de changer le code d’un secteur malheureusement encore très masculin. Je pense qu’il s’agit d’une problématique essentielle sur laquelle il faut continuer de se positionner. Sur le plan environnemental, nous travaillons étroitement avec des acteurs engagés tel que le collectif Data for Good. D’autre part, de nombreux élèves mettent à profit le code et la compilation des données pour développer des projets à fort impact environnemental. Alors que certains développent des plateformes d’échange de crédits d’émissions de carbone, d’autres se concentrent sur la création d’algorithmes visant à détecter et prévenir les feux de forêt ou encore à lutter contre la déforestation de l’Amazonie au Brésil.

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