Espaces d’innovation sociale, d’expérimentation et d’entreprenariat, les tiers-lieux culturels revêtent aujourd’hui plusieurs formes bien qu’ils comportent certains dénominateurs communs : la pluralité des activités, le croisement des publics, l’engagement collectif et les activités militantes.
S’il n’est pas aussi aisé d’en proposer une définition, encore moins une cartographie précise, la meilleure manière de faire comprendre ce que sont ces lieux qui en d’autres endroits du monde s’institutionnalisent, est de donner la parole à celles et ceux qui les ont imaginés et qui les font vivre.
Ainsi, ce nouveau numéro de Vox, porté par huit Alliances françaises – au Paraguay, en Colombie, en Bolivie, au Pérou, au San Salvador, en Equateur et et au Nicaragua – nous invite à découvrir la formidable énergie et l’engagement avéré de certains acteurs qui oeuvrent en faveur de lieux plus ancrés sur leur territoire avec la ferme intention d’offrir une alternative aux lieux culturels traditionnels.
Ainsi, à Santa Cruz de la Sierra, la Federal fonctionne exactement comme un tiers lieux, ou l’on y trouve de véritables espaces d’inclusion sociale – alimentation responsable, principe de troc de vêtements, jardin pédagogique – et des activités culturelles de toutes disciplines. El Grito a Trujillo, est une initiative d’un metteur en scène, Ray Alvarez et se veut un théâtre-bar croisant espace de convivialité et lieu de découverte de nouvelles créations dramaturgiques.
A Asuncion, Maria Glauser pilote le projet Arte al parque a réussi le pari de transformation sociale, par la culture et une démarche en collectif, du Parc Caballero, longtemps abandonné et donc déserté par la population. Ce principe de réhabilitation se retrouve aussi dans le projet de la Chispa a Medellín, ou il s’agit lá en l’occurrence d’une villa situé dans un ancien quartier chic de la ville, qui croise une activité de restauration et des propositions culturelles multiples : concerts, ateliers, expositions etc.
A Managua, El Labo tente de redonner ses lettres de noblesse à la photographie analogique en alliant une ambition de sensibilisation et de formation à un projet entrepreneurial. Enfin, à San Salvador, la Casa Clementina s’est donné pour mission d’ouvrir un espace ouvert et gratuit, pour former son jeune public, notamment à travers le cinéma.
Comme pour chaque numéro, la revue Vox donne à voir ici le travail d’artistes du continent. Le
portfolio, proposé par Sandra Hernandez, photographe mexicaine, réunit six photographes, de Porto Rico, de Cuba et du Mexique. Ce corpus tente de montrer le regard de ces photographes sur des lieux historiques et atypiques pour certains desquels la fonction première a été détournée pour accueillir des espaces culturels et
artistiques.
Ces quelques projets ne sont évidemment pas exhaustifs et nous ne pouvons que vous inviter, vous qui vivez peut être en Amérique Latine et dans les Caraïbes, à sortir des sentiers battus dans vos pratiques culturelles et de loisirs et d’aller á la rencontre de ces lieux pleins de vie pour participer à ce métissage entre initiative citoyennes et vie artistique.