La Federal”: Un espace collectif qui promeut l’art libre à Santa Cruz de la Sierra

Propos recueillis par Andrea Ludueña

 

Viviana Ardaya

Santa Cruz de la Sierra, Bolivia


Santa Cruz de la Sierra, avec ses plus de 2 millions d’habitants, est la ville au développement économique le plus important en Bolivie.  Néanmoins, les espaces culturels y sont peu nombreux. « La Federal » y est le premier espace collaboratif    dans lequel tous les acteurs présents et actifs ont le droit de prendre des décisions.

Une vieille maison coloniale rénovée abrite « La Federal ». Depuis 2019, on y développe de nombreuses initiatives telles que la nourriture végane, la vente de vêtements recyclés, une cafétéria, un bar, un jardin potager pédagogique. Sans oublier un espace pour le compostage grâce aux déchets de la cafétéria et du coin restaurant. Cet espace est aussi un centre culturel, on y organise des activités consacrées à l’art libre, à savoir, la projection de films, des expositions de photographie, des ateliers littéraires, des concerts. « La Federal » a pour objet la  promotion de l’art libre et de la consommation responsable.

🟢 Qu’est-ce que “La Federal”?

La Federal” a débuté par un projet collaboratif. Elle cherche à devenir un espace où l’on puisse rassembler des activités communes dans le but de promouvoir l’art, la consommation responsable, le soin par la santé mentale. Il aspire à devenir un espace où les jeunes puissent s’exprimer, être sans se sentir jugés. Nous faisons en sorte que toutes les activités qui entrent à « La Federal » aient une viabilité économique. La base de « La Federal » est la collaboration.

🟢 Et alors, qu’est-ce que la collaboration pour “La Federal”?

Desde el punto de vista económico todos nuestros gastos son compartidos. Algo que ayuda también es que el mantenimiento de la casa lo hacemos nosotros, entonces no necesitamos contratar personal extra, sólo puntualmente. Mantenemos un espacio entre todos que nos sirve a todos. La colaboración significa para nosotros también el hecho que tantas actividades propuestas por distintas personas den a surgir diferentes ideas lo cual hace que se llegue a más personas. Eso atrae a más gente de lo que haría un solo espacio con un solo concepto o con una sola oferta. La colaboración ha permitido que se ofrezcan al público actividades más diversas, más completas.

Por ejemplo, cuando ofrecemos un concierto y al mismo tiempo ofrecemos una feria, todo esto es gracias a la colaboración de los diferentes actores.

La Federal es una estructura donde están los socios y tenemos acuerdos colaborativos con emprendimientos, instituciones o personas que quieran hacer algo diferente. Para ser socio se necesita que la línea de trabajo esté marcada en el consumo consciente, el respeto hacia las diversidades, la iniciativa de generar eventos que promuevan el arte libre.

Funcionamos bajo la toma de decisiones que se hacen entre los socios, actualmente son 5. Antes de aceptar a un nuevo socio, se discute entre los socios previos el aspecto del lineamiento. Si la visión de la propuesta coincide con la nuestra, se decide que ese nuevo socio haga parte. Cada socio tiene un voto. Los acuerdos colaborativos no tienen decisión de voto.

🟢  Pourrais-tu nous expliquer ce qu’est “l’art libre”?

Quand on parle d’art libre dans une société où il existe trop de restrictions pour les jeunes ou bien pour les personnes qui ne peuvent pas être elles-mêmes, il nous semble très important d’offrir un espace où ils se sentent à l’aise. Cet espace leur permet d’exposer leurs créations en toute liberté.

L’art nous rend libres. L’art libre purifie, nettoie, ressource, génère créativité, identité, bonheur.

Comment l’espace “La Federal” a-t-il été créé et pourquoi ?

L’idée est née il y a longtemps. Au début, je voulais faire de cette maison une auberge, créer un espace où le touriste se sente chez lui.

J’ai trouvé cette maison qui était à vendre, elle m’a tellement plu que j’ai fait ce qu’il fallait pour l’acheter. Nous l’avons rénovée petit à petit grâce à l’aide des amis, car nous n’avions pas le budget pour le faire immédiatement. Bien qu’elle se trouve en plein centre-ville, tout comme beaucoup d’autres maisons du centre-ville actuellement, elle était abandonnée. La broussaille avait envahi la cour de la maison, les tuiles de la toiture étaient très vieilles, une rénovation complète s’imposait : peinture, raccordements, câblages. Aujourd’hui encore, la rénovation continue, tous les membres contribuent pour couvrir les frais fixes. Nous venons de refaire la toiture car c’était dangereux et presque près de 80% des poutres étaient pourries. Le reste, nous le faisons petit à petit. Par exemple, cette fresque est celle d’un jeune Brésilien qui était de passage ; il y en a une autre d’une jeune fille qui vit en Australie et qui ayant vu l’Amazonie depuis l’avion a voulu nous laisser cette image en échange. Nous n’avons jamais reçu de soutien, ni n’en avons jamais demandé, à la municipalité. La maison a subi des améliorations avec l’aide et le soutien des membres et des amis.

C’est un lieu où l’on peut, en même temps, partager un café et être en contact avec l’art. Il arrive parfois que des personnes qui boivent ou mangent, apprennent qu’il y a un vernissage au même endroit et au même moment. Voilà pourquoi le rapprochement de ces deux concepts pour sensibiliser les gens a été gratifiante.

Nous cherchons aussi à offrir un espace à des initiatives qui, à elles seules, ne pourraient pas avoir accès à un espace individuel. Nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux offrant aux membres du contenu créatif et nous rapprochons le public de l’art.

🟢 Pourquoi penses-tu que l’idée de sensibiliser à l’art est importante ?

Je trouve que notre génération ainsi que les nouvelles, commencent à peine à expérimenter. Il est important, surtout chez les jeunes et les gens qui n’ont jamais osé aller visiter un musée, d’éveiller cette sensibilité. Je pense qu’il y a des choses que tu dois essayer pour savoir comment elles sont. Par exemple, nous avons récemment confirmé une collaboration avec « Bajo Nuestra Piel », qui organise des festivals de cinéma et des expositions sur les Droits de l’Homme. Grâce à cette collaboration, on a organisé et on organisera encore des projections et des expositions pour sensibiliser le public à ce sujet.

🟢 Pourrais-tu nous donner d’autres exemples d’activités d’art libre qui se sont développées ici ?

Actuellement nous avons une exposition de peinture et de photographie de la filière de Beaux Arts de l’université Gabriel René Moreno. Ce sont des œuvres sélectionnées lors d’un concours organisé par l’université. Beaucoup de ces œuvres ont été créées pendant le confinement en 2020.

Dernièrement, nous avons organisé une exposition de photographies intitulée « Conexiones » qui avait pour but de rendre visible et de valoriser les personnes chargées de collecter et trier les déchets de la ville. Il y avait des portraits photo en noir et blanc de ces personnes racontant leur histoire et montrant le lieu de collecte où elles travaillent.

Ces activités sont normalement réalisées avec des artistes locaux émergents.

🟢 Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la mise en place de ce projet ?

Nous avons ouvert l’espace en 2019 et la pandémie nous a frappés en 2020. Nous ne pouvions que continuer. Les dépenses sont régulières. Nous devions donc faire vivre le lieu.

Les restrictions mises en place par les autorités pour des raisons sanitaires ou autres, ont rendu notre travail difficile. Nous avions des expositions, des vernissages, et d’autres activités qui attirent le public, cependant …tout a dû être annulé.

Un autre inconvénient est celui d’être dans la vieille ville, car la maison datant de la fin du XVIII siècle, elle a besoin d’un entretien permanent et ce coût est plus élevé que celui d’une maison neuve, et nous ne bénéficions que de la réduction des impôts correspondant à une maison patrimoniale.

🟢 Comment vois-tu l’avenir de “La Federal »? Quelles sont ses priorités actuelles ?

Je vois “La Federal” comme un refuge, un espace pour les personnes qui aiment être, pour ceux qui cherchent l’art, pour des gens qui cherchent un environnement plus propice et,.. tant que nous pourrons,… nous continuerons.

En ce qui concerne les priorités, nous respectons celles que nous avons prises au début de l’année, c’est-à-dire intégrer de nouveaux membres, davantage d’activités culturelles, d’artistes émergents. Nous sommes ravis de travailler avec « Sous notre peau » qui organisera plusieurs activités culturelles. Nous souhaitons aussi redémarrer, améliorer et booster notre jardin potager pédagogique.

Continuer les travaux de rénovation de la maison qui demande un entretien permanent et générer des revenus pour couvrir les frais.

L’idée de revaloriser la vieille ville nous tient à cœur, pour que les gens se sentent en sécurité en visitant les maisons et en découvrant leur histoire. Présenter le centre-ville tel qu’il était avant mais amélioré, bien soigné et qui invite à flâner en toute tranquillité.

Il y a de nombreuses maisons patrimoniales dans le centre-ville de Santa Cruz. Le but est de leur redonner une vie. Notre maison est une maison qui date de la fin du XVIII siècle et du début du XIX siècle, nous souhaitons faire découvrir les trois patios, montrer comment étaient construits les murs en briques séchées, les toits bas, les arbres, les hamacs. Nous aimerions montrer surtout la végétation, les ambiances propres des maisons anciennes du centre-ville. Nous ne voulons pas un seul espace mais plusieurs. L’identité, l’histoire de Santa Cruz est dans la vieille ville.

La nouvelle histoire va naître ailleurs, vu le développement accéléré de cette ville.

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