Dans la Caraïbe, notamment à Sainte-Lucie, la tradition orale joue un rôle essentiel dans la diffusion de valeurs communes, la valorisation du patrimoine, le récit historique et la conception de la société. Les contes et légendes s’insèrent parfaitement dans cette dynamique et permettent de promouvoir la culture locale ainsi que la langue créole. Jacintha Annius-Lee est née à Laborie, Sainte-Lucie.
Elle a commencé sa carrière dans le secteur de l’éducation en complétant une licence en éducation à la
University of the West Indies. Elle a, par la suite, obtenu un diplôme en communication de la même institution. Jacintha a mené des recherches extensives dans le domaine culturel avec une attention particulière pour la tradition orale de Sainte-Lucie. Elle œuvre actuellement à l’élaboration d’une biographie écrite de Sir John Compton, le premier Premier Ministre de l’île.
🟡 Quelle est l’importance du conte à Sainte-Lucie et dans la Caraïbe en général ?
Du fait de notre tradition orale, le conte rend possible le partage de notre histoire et de notre culture aux plus jeunes générations. Nous sommes ancrés dans la tradition orale. Un des moyens du récit oral est le Calypso qui est un genre de musique très apprécié des peuples de la Caraïbe. Le conte et la narration préservent nos cultures.
🟡 De quelle manière le récit de contes et légendes faitil la promotion et sert-il de plaidoyer pour les droits culturels ?
Comme mentionné précédemment, nous sommes profondément attachés à la tradition orale et via le récit de contes, il devient plus aisé de communiquer certains sujets à la population. Le récit et la narration peuvent être utilisés comme un moyen de livrer des messages importants et d’éduquer le public de manière générale.
🟡 Dans quelle mesure le récit de contes permet-il la diversité des expressions et en quoi son caractère créole influe-t-il sur cette diversité ?
Étant donné notre diversité, il est parfois difficile de faire accepter un message par tous et de toucher tous les pans de la société. Néanmoins, cette connaissance devrait permettre qu’un message soit transmis de manière plus inclusive.
🟡 Quels sont certaines des difficultés que rencontre le secteur ? Est-ce que le secteur est soutenu et reconnu par le public/le gouvernement ?
Parmi les obstacles, on comptait la capacité de préserver le cœur des messages et les récits. Cependant, avec l’arrivée des réseaux sociaux, il est plus simple de partager et préserver ces narrations. En ce qui concerne la reconnaissance publique et gouvernementale, elle s’est accrue avec le récent accent mis sur les arts créatifs.
🟡 Quel impact ont les politiques publiques culturelles ou éducatives sur le récit de contes et vice-versa ? Comment décririez-vous la relation entre agents publics et acteurs culturels ?
Le récit de contes a un impact sur les politiques publiques culturelles ou éducatives. C’est un moyen privilégié de délivrer des messages. Le récit de contes permet aussi de faire intervenir des acteurs culturels qui vont relayer des informations importantes et ainsi avoir un rôle d’influenceurs. Les acteurs culturels se basent sur des expériences riches au sein des différentes communautés et sont sensibles aux besoins de la population. Ainsi, ils occupent une place de choix dans le travail collaboratif avec les agents publics pour recommander la meilleure approche à adopter afin de toucher une grande diversité de publics.
🟡 Le récit de contes permet-il des ponts et connections entre les îles ? Si oui, comment ? Si non, quel rôle pourrait-il endosser dans la coopération culturelle ?
Le récit est utilisé de manière extensive dans le Calypso, la Soca et plus récemment dans ce qui est connu à Sainte-Lucie sous le nom de The Dennery Segment. Ces genres jouissent d’une grande popularité dans la plupart des îles caribéennes. De plus, les messages qui sont relayés à travers ces genres sont simples, divertissants et ainsi peuvent se révéler très puissants. La connexion qui existe entre les îles est d’ordre historique et culturel. Les différents festivals musicaux et culturels mis en scène sur ces territoires donnent aux acteurs culturels la possibilité de partager leur créativité sans entrave. On note des similarités entre les contes et légendes des diverses îles même si les personnages principaux peuvent différer.
🟡 Quels sont vos aspirations et souhaits pour l’avenir du récit de contes à Sainte-Lucie mais aussi dans la Caraïbe entière ?
L’utilisation du dessin animé doit être explorée. Ce serait un réel exploit de voir nos histoires, particulièrement celles issues du folklore populaire, reprises par Disney. Nos enfants aiment les dessins animés alors pourquoi ne pas faire figurer les histoires de Compère Lapin, Compère Tigre et autres personnages folkloriques à l’échelle internationale ? Il y a une grosse absence caribéenne au sein de l’industrie cinématographique internationale. L’utilisation de dessins animés pour partager nos histoires mettrait en exergue la riche culture de Sainte-Lucie et des Caraïbes.
ampersan Amérique art and pandemia art et pandémie arte y pandemia Asuncion Barranquilla Caraibes Caraïbes cine cinema cultural rights culture derechos culturales direitos culturais droits culturel indigene industria musical latine Marcelo Munhoz nicolas mateus écologie