«Notre plateforme est conçue comme une île paradisiaque virtuelle des Caraïbes, où les Grandes Antilles et les Petites Antilles se rejoignent en un seul endroit…»
Comme tous les grands évènements culturels d’envergure, le Carnaval caribéen n’aura lui non plus pas survécu aux restrictions sanitaires imposées par la pandémie mondiale. Le carnaval de Trinité-et-Tobago, considéré comme l’un des plus grandiose, n’a pas échappé à la règle d’or.
Le carnaval est sur cette île plus qu’une simple fête, il s’agit de la célébration d’un mode de vie ! Renata Sankar, responsable évènementiel au sein de la célèbre Caesar’s Army nous dévoile le plan d’adaptation de cette compagnie carnavalesque face à l’interdiction des rassemblements
🟡 Renata Sankar, qui êtes-vous et comment définissez-vous votre empreinte sur la scène culturelle trinbagonienne ?
Je suis responsable de la production événementielle de Caesar’s Army, une organisation carnavalesque. Caesar’s Army a été créée en 2006 sous l’égide de la Julius Caesar Entertainment, une société de production et de gestion d’événements basée dans les Caraïbes. Depuis sa création, « l’army» s’est développée à l’échelle internationale, en tant que mouvement mobilisant des individus à travers le monde entier.
Nous aimons penser que nos membres sont des soldats du changement. Un changement positif de notre société qui pourrait inspirer les autres à agir. En effet Caesar’s Army promeut l’importance de la communauté et de l’amusement grâce à des événements et initiatives innovantes. Ces événements ont, depuis, été établis comme des piliers dans tous les calendriers de fêtes et carnavals dans la région caribéenne et à l’international. Fort de plus de dix ans d’expérience, Caesar’s Army s’est perfectionné et a donné naissance à Caesar Creativ, une agence expérientielle complète qui crée des expériences innovantes, du concept à l’exécution.
🟡 Pouvez-vous nous expliquer l’approche que vous avez choisie pendant le confinement ? Avez-vous mis vos projets en attente ou avez-vous continué à vous engager dans la scène culturelle de l’île ?
Nos projets traditionnels – les événements de carnaval prévus en Jamaïque, à Sainte-Lucie et à la Barbade et nos autres événements à New York, Miami ainsi que notre site de Toronto – ont malheureusement été mis sur pause. La scène culturelle, au sens traditionnel du terme, est pour l’instant complètement fermée pour les carnavaliers. Avec la pandémie actuelle, l’équipe a dû s’asseoir pour penser une stratégie soutenable dans le temps. Cela a conduit nos directeurs à diviser le personnel en deux groupes et à les placer dans un scénario dit «de l’aquarium à requins ». Ils ont tous été chargés de trouver trois options viables à suivre. À l’unanimité, l’idée de projet gagnant était celle de la création d’un espace de réalité virtuelle. Nous l’avons appelé Antillea. Pour nous, il répondait aux trois piliers qui guident l’Army :
1 – Créer une expérience inoubliable, le sens du détail est important ;
2 – Innover et changer les mentalités – Prendre des risques raisonnables qui sauront porter leurs fruits à long terme au lieu de jouer le jeu de la sécurité ou de suivre ce que font les autres ;
3 – Construire une communauté – La construction d’une communauté de disciples loyaux et dévoués est un processus continu qui ne peut être renversé ou perturbé par le «nouveau normal ». Il n’y a plus de frontières. Nous voulons que notre communauté devienne une communauté mondiale en expansion.
🟡 En quoi consiste ce nouvel espace virtuel culturel que vous avez créé et en quoi est-il innovant ?
Antillea (développé en partenariat avec Dingole Ltd) est actuellement commercialisé comme un espace virtuel où les utilisateurs peuvent assister à des événements en direct dans le monde entier et interagir les uns avec les autres grâce à un avatar, qui est créé sur la plateforme de réalité virtuelle (RV) de Microsoft Altspace. Fonctionnant aussi bien grâce à un casque de RV ou avec le mode 2D d’un ordinateur de bureau ou d’un portable. La plateforme est conçue comme votre île paradisiaque virtuelle des Caraïbes, où les Grandes Antilles et les Petites Antilles se rejoignent en un seul endroit. Vous entrez d’abord dans notre hub de bienvenue et vous êtes ensuite transporté d’est en ouest, deux univers représentant le jour et la nuit.
🟡 Quelles initiatives avez-vous prises, vous et les personnes avec lesquelles vous travaillez, pour rendre ce projet accessible au public mais également intéressant pour ce dernier face à la concurrence actuelle du culturel numérique ?
Pour rendre ce projet intéressant, nous avons tout d’abord consacré beaucoup d’efforts à rendre les caractéristiques aussi réalistes que possible. Vous pouvez voir les cocotiers se balancer dans le hub d’accueil, et lorsque vous êtes sur l’île, vous pouvez entendre le vent, les oiseaux et les vagues qui s’échouent sur le rivage. La typographie de la plage correspond également à celle de notre plage de Maracas, la plage la plus populaire de Trinité et Tobago. Nous avons également lancé une série «Soca – 4 Fridays ». Chaque événement est gratuit et dure trois à quatre heures, avec des DJ qui mixent les derniers morceaux de soca. Les personnes connectées peuvent vivre l’expérience d’une fête virtuelle de n’importe quel endroit du monde.
🟡 Quels ont été les retours de votre communauté ?
Les réactions ont été très encourageantes et positives de la part de ceux qui ont assisté aux Soca Series et des sponsors et médias qui ont effectué des visites personnelles. Nous sommes très fiers de ce que nous sommes capables d’offrir jusqu’à présent pour maintenir l’engagement de notre communauté et pour faire connaître notre culture caribéenne et l’exporter dans le reste du monde.
🟡 Votre collectif a créé une expérience numérique qui permet au public de profiter du carnaval depuis le confort de leur salon. Pensez-vous qu’une telle innovation sera acceptée par le public trinbagonien hors de votre communauté d’habitués et voyez-vous cette initiative se développer sur le marché international de l’événementiel ?
Au fil du temps, nous avons bon espoir que cette innovation soit acceptée par l’ensemble du public trinbagonien. Nous espérons cependant que les premiers à apprécier feront partie de notre diaspora.
La plateforme est déjà sur le marché mondial et nous sommes donc prêts à nous lancer à l’assaut de nouveaux publics.
🟡Comment préserver une vraie expérience carnavalesque dans ce contexte d’hyper-numérisation du culturel que nous connaissons actuellement ?
Il est important de comprendre ce que le Carnaval signifie pour les gens. Comment le définit-on ? Le carnaval pour moi est une expression de notre mode de vie, de notre culture et de notre liberté. Ce sont ces sentiments qui doivent être préservés et reproduits sur les plateformes numériques. Ce que nous représentons doit évoquer ces mêmes sentiments de liberté et c’est ce que nous avons fait.
🟡 Quels sont les leviers économiques envisagés pour maintenir ce projet de réalité virtuelle
de manière soutenable ?
Le soutien et les partenariats avec de grandes entités du monde culturel, le gouvernement notamment, mais également les entreprises privées nous permettront de pérenniser ce projet et de l’améliorer.
🟡 Un mot sur ce que la crise vous a appris depuis l’année dernière ?
La crise m’a appris que l’avenir est en effet incertain, mais surtout que ne rien faire et attendre que quelque chose se passe n’est pas la solution. Nous devons être proactifs et toujours avoir une ou deux
longueurs d’avance.
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